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Mon stage en UPE2A

Journal de bord 2.0 de mes aventures de futures enseignantes

2e jour de stage: Jeudi 4 février

2e jour de stage: Jeudi 4 février

Ce matin, je change de lieu. Les lundis et jeudis, Marie-Christine est en poste à l'école Boufflers, à la sortie du métro Mairie de Lille. Les élèves de l'UPE2A de cette école sont au nombre de 10 et forment un groupe beaucoup plus éclectique que celui de Wagner. Faisons un petit tour du monde...

Gracia, 11 ans, et Christine, 6 ans, sont deux soeurs nées au Congo mais ayant grandi en Angola.

Ahmad a 9 ans et Yazan en a 10. Ces deux frères viennent de Syrie et ne sont arrivés en France qu'à la mi-janvier.

Elis a 6 ans et vit dans un village insertion rom.

Maryam, Mustafa et Hastyar sont tous trois originaires d'Irak et ont respectivement, 8, 6 et 9 ans. Maryam semble souffrir d'un handicap cognitif: elle a de grosses difficultés langagières et semble difficilement supporter la cohabitation avec ses camarades de classe avec lesquels elle se dispute souvent. Hastyar, lui, est plus précisément d'origine kurde. Il adore, lorsqu'il apprend un mot en français, nous apprendre l'équivalent kurde.

Luiz est un petit garçon de 8 ans d'origine brésilienne. Ses phrases se constituent à moitié de mots portugais et à moitié de mots français.

Enfin, Tharun a 6 ans et nous vient du Sri Lanka. Lui aussi n'est arrivé qu'à la mi-janvier.

Par leurs âges, leurs terres d'origine mais aussi leur niveau acquis en français, les élèves de Boufflers forment donc un groupe beaucoup plus hétérogène.

La journée démarre cependant de la même façon que pour les élèves de Wagner: à l'aide du même support, on détermine la date du jour et chacun à leur tour, les élèves répètent: "Aujourd'hui, nous sommes jeudi 4 février 2016".

Ce matin, Marie-Christine accueille dans sa classe une artiste. Elle s'appelle Delphine et fait du théâtre d'objets. En attendant son arrivée, dans la classe, on chante des chansons accompagnés de petits instruments de bois et on lit des albums.

Lorsque Delphine arrive, il faut encore qu'elle installe tout son matériel. Dur dur pour les enfants de se concentrer sur la lecture de Marie-Christine alors que Delphine farfouille dans ses multiples cabas et entasse autour d'elle des dizaines d'objets. Enfin, le moment tant attendu arrive! Delphine a fini de s'installer. On déplace les bancs et on s'assied face aux tables sur lesquelles reposent des dizaines d'objets avec lesquels Delphine va raconter son histoire. Une poêle, une boîte de terre, une "boîte à meuh", des livres, etc. Les enfants apprécient beaucoup; à la fin, ils aimeraient même qu'elle recommence. Le but de cette rencontre avec Delphine est de monter un projet pour lequel les enfants vont également raconter une histoire avec des objets. L'objet illustre le discours, le rend plus concret, et cela est très aidant pour les enfants allophones. Delphine leur demande s'ils ont déjà en tête une histoire à raconter, la leur ou celle de quelqu'un d'autre. Mustafa nous raconte l'histoire de quatre ours et d'un chasseur.

Dans la classe de Marie-Christine, il y a aussi Shaïla, une jeune Guadeloupéenne qui réalise un service civique. Après la récréation, Marie-Christine discute avec Delphine pour convenir des dates auxquelles elle pourrait revenir dans la classe. Jusqu'à la fin de la matinée, Shaïla et moi supervisons le travail des élèves qui doivent commencer à réfléchir à une histoire qu'ils aimeraient raconter et à représenter les objets qui les aideraient à la raconter.

Mustafa se lance rapidement dans le dessin des quatre ours et du chasseur. Il a déjà effectué une année de maternelle ici, en France, et parle assez bien français mais il a quelques difficultés langagières; on dirait presque qu'il bégaye. En UPE2A, l'oral règne en maître. On essaie de faire parler les enfants le plus possible pour qu'ils acquièrent une certaine aisance. Je vais donc vers lui pour qu'il me raconte cette histoire de quatre ours qui viennent attaquer le chasseur dans son jardin et qui finit par mourir dans la bataille.

Tharun ne prononce que quelques mots en français pour l'instant: "Bonjour", "Au revoir", "Merci". Il n'a pas bien compris ce qu'il doit faire mais, voyant ses camarades dessiner, il s'installe à sa table et commence à dessiner, lui aussi. Des triangles, des losanges, des carrés, des ronds... Comme je l'écrivais plus haut, Tharun est sri lankais. Je n'ai pas fait de recherches approfondies sur les systèmes éducatifs asiatiques mais je ne pense pas me tromper en disant qu'ils sont réputés pour être excellents dans les matières scientifiques. Tharun semble donc avoir déjà été formaté à une vision géométrique du monde. Lorsque Shaïla lui montre des images représentant des fruits, des légumes, des objets, Tharun s'en empare et les utilise comme gabarits: il les pose sur sa feuille et en fait le contour. Inutile d'en attendre davantage en termes d'imaginaire pour aujourd'hui. Je lui fais dire les noms des formes en français. Tharun ne comprend pas tout mais présente déjà un souci de l'apprentissage et une forte volonté d'apprendre. Je pense qu'il est heureux d'être ici. Lorsque Marie-Christine lit des histoires, il ouvre de grands yeux en regardant les images et essaie de répéter tout ce qu'elle dit.

Elis, lui, est un petit garçon très agité qui ne tient pas en place. Si on le laisse seul durant ce genre d'activité autonome, il ne va rien faire de son travail et aller embêter son monde. Il parle sans cesse de donner des coups de pied, des coups de couteau, et, même s'il passe rarement à l'acte, fait toujours le geste de frapper. Marie-Christine m'a expliqué qu'il était le benjamin d'une fratrie de plusieurs garçons et devait donc souffrir de mauvais exemples. Je m’attelle à l'accompagner dans son travail pour le détourner de ses envies premières de taper sur n'importe quoi et n'importe qui. Comme d'autres élèves de la classe, Elis veut raconter l'histoire d'une galette: c'est un album sur lequel ils ont travaillé précédemment et qui leur a visiblement beaucoup plu. Il dessine la galette et la partage en six parts. Il décide ensuite de colorier chaque part en une couleur différente. J'en profite pour lui demander à quoi est chaque part de la galette selon la couleur dont il l'a coloriée. Je l'aide à trouver les ingrédients et il les dessine à côté de chaque part. Il en a bientôt assez de dessiner sur sa feuille. Il veut aller dessiner au tableau comme beaucoup d'autres élèves sont en train de faire. Nous jouons alors à "Dessiner, c'est gagné". Si je parviens à deviner ce qu'il dessine, il doit l'écrire. Marie-Christine me dit que c'est difficile de travailler avec lui, qu'il est souvent absent et qu'il n'a pas beaucoup de goût pour les activités scolaires. S'il était plus souvent là, elle pense qu'il aurait un très bon niveau.

Nous sommes jeudi. Le midi, je vais travailler avec mon élève de La Clé. Houssam. Vous l'ai-je dit dans mon article précédent? Je ne m'en souviens plus. Le Houssam de la classe de Wagner n'est nul autre que mon élève de La Clé. Lorsqu'il m'a vue mardi, il était tout étonné. A partir de la rentrée, nous nous verrons le vendredi midi lorsque nous sommes tous les deux à Wagner. Car, pour l'heure, dès l'école terminée, je prends le métro direction Porte des Postes, prends un sandwich dans une sandwicherie aux abords de la station puis mange en rejoignant à pied l'école Turgot, Faubourg des Postes. Je finis de travailler avec Houssam à 13:30 puis file rejoindre l'école Boufflers pour ne pas arriver trop en retard. Ce sera bien plus simple de pouvoir rester à Wagner. Avec Houssam, je travaille notamment l'écriture. Pour cela, je lui ai acheté un petit cahier à grands carreaux. Nous essaierons à la rentrée. Au niveau grammatical, nous travaillons pour l'instant sur les homophones grammaticaux à/a. Ce n'est pas encore automatique mais il commence à intégrer. Houssam aime lire des bandes-dessinées; j'essaie donc de garder une dizaine de minutes à chacune de nos rencontres pour ça.

De retour à l'école Boufflers, Marie-Christine veut engager la conversation sur les origines de nos petits allophones. Elle a ramené un grand livre, Cartes, représentant les pays que l'auteur a visités. Malheureusement, tous les pays d'origine des élèves n'y sont pas. On y trouve la Roumanie et le Brésil. Pour les autres élèves, on regarde sur la carte des continents où se trouvent leurs pays. L'après-midi se passe à regarder avec Elis et Luiz les cartes de leur pays et à les écouter parler de ce qu'ils reconnaissent puis à faire de petits jeux de société: Oudordodo et Bazar Bizarre.

Le jeudi soir, à 17h, je dois normalement retrouver Noor à La Clé. Elle est absente aujourd'hui.

Voici une photo des élèves de la classe et de leur enseignante. De gauche à droite: Marie-Christine, Yazan, Ahmad, Christine, Tharun, Hastyar, Luiz, Maryam et Elis. Gracia était dans sa classe d'inclusion l'après-midi.Voici une photo des élèves de la classe et de leur enseignante. De gauche à droite: Marie-Christine, Yazan, Ahmad, Christine, Tharun, Hastyar, Luiz, Maryam et Elis. Gracia était dans sa classe d'inclusion l'après-midi.
Voici une photo des élèves de la classe et de leur enseignante. De gauche à droite: Marie-Christine, Yazan, Ahmad, Christine, Tharun, Hastyar, Luiz, Maryam et Elis. Gracia était dans sa classe d'inclusion l'après-midi.

Voici une photo des élèves de la classe et de leur enseignante. De gauche à droite: Marie-Christine, Yazan, Ahmad, Christine, Tharun, Hastyar, Luiz, Maryam et Elis. Gracia était dans sa classe d'inclusion l'après-midi.

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